Ceylon Pettiagalla O.P

Sur la route sinueuse qui relie Balangoda aux brumes de Dimbula, le jardin de Pettiagalla se dévoile comme une clairière suspendue entre ciel et rocher. Son nom, en cinghalais, signifie « la pierre en forme de boîte » : un gigantesque bloc de granit, posé là depuis des millénaires, qui garde l’entrée du domaine comme un veilleur. À ses pieds, les théiers s’étendent en vagues régulières, ourlant les pentes verdoyantes d’un vert profond que seule la lumière des hautes terres sait faire vibrer.

Fondé vers 1880, Pettiagalla fait partie de ces jardins pionniers qui ont donné au thé de Ceylan ses lettres de noblesse. Mais ici, nul besoin de force tapageuse : tout se joue dans la nuance. À plus de 1 000 mètres d’altitude, les feuilles mûrissent lentement sous un climat tempéré, caressées de brumes et de pluies fines. Cette croissance mesurée, jointe à un sol riche et bien drainé, confère au thé de Pettiagalla une élégance rare pour un Ceylan, presque aérienne.

Les cueilleuses y sélectionnent les jeunes pousses avec un soin patient ; les feuilles longues et torsadées libèrent à l’infusion une robe d’ambre limpide, douce et lumineuse. En bouche, c’est un murmure : une texture soyeuse, des notes de fleurs séchées, de fruits compotés et de miel discret, loin de la vigueur tannique que l’on associe souvent aux thés de l’île. Certains y perçoivent même un soupçon de prune pochée dans un sirop brun.

C’est cette finesse inattendue qui fait la réputation du domaine. En 2022, un lot issu de Pettiagalla s’est envolé lors des enchères de Colombo, atteignant un record pour son grade FBOPF1… signe que l’équilibre et la délicatesse peuvent se révéler plus précieux encore que la puissance.

Le secret de cette légèreté ? L’altitude, d’abord, qui ralentit la croissance et polit les arômes. Le microclimat, ensuite, fait d’alternances de soleil et de brume, offrant aux théiers une respiration idéale. Enfin, le savoir-faire : un roulage précis, une oxydation douce, qui préservent la grâce naturelle de la feuille. Le résultat : un thé noir clair et limpide, sans amertume, tout en souplesse, un Ceylan qui évoque davantage la dentelle que le velours.

À Pettiagalla, tout semble respirer la mesure et la beauté simple : le vent qui glisse entre les rangées, les sentiers bordés de fougères, la grande pierre grise qui veille sur le jardin. Boire son thé, c’est s’offrir un instant d’altitude, un Ceylan de lumière, aussi raffiné que la brume du matin sur les collines du Sri Lanka… et qui trouve naturellement sa place dans votre tasse.

Accords mets et thés
Le Pettiagalla O.P. se marie à merveille avec un « Gooseberry and Elderflower Fool », dessert anglais délicat où la groseille à maquereau acidulée rencontre la fleur de sureau parfumée. La douceur maltée et les notes fruitées subtiles du thé épousent l'équilibre entre le croquant des groseilles pochées et l'onctuosité de la crème fouettée. L'astringence fine du thé nettoie le palais entre chaque bouchée crémeuse, tandis que sa fraîcheur réveille délicatement les arômes floraux du sureau. Cet accord tout en légèreté et en contraste incarne la quintessence de l'afternoon tea britannique revisité avec élégance.

Recette à base de thé noir de Ceylan Pettiagalla O.P.
Pour une entrée automnale, préparez un consommé clair au Pettiagalla et aux champignons sauvages: faire infuser une cuillère de thé dans 30 cl de bouillon léger pendant 4 minutes, puis verser cette infusion dans le bouillon chaud avec des champignons finement émincés, un trait de dry vermouth et une pointe de thym. Le Pettiagalla apporte au bouillon une profondeur discrète et une fraîcheur tonique qui sublime l'umami des champignons, créant un velouté léger et aromatique, idéal pour débuter un dîner de novembre.